Avec le scandale des poulets/saumons/vaches nourris aux farines animales, la méfiance s’est insinuée dans les esprits.
On recherche des animaux nourris « naturellement » et, comme on ne sait plus trop ce que ça veut dire, cela conduit à des choses bizarres.
Sur le parking du supermarché de ma ville, un grand panneau annonce : « Poulet végétal ».
L’offre a du succès, et attire les clients. Renseignements pris, il s’agit d’une expression en cours depuis longtemps au Québec, où l’appellation « poulet végétal » est réservée aux poulets ayant reçu une alimentation strictement végétarienne.
En clair, ils n’ont mangé que des granulés de soja, de canola, de maïs ou de blé.
Nos grands-parents auraient ri de savoir qu’il se trouverait, un jour, des consommateurs dans les grandes villes pour s’imaginer manger sain en dégustant du poulet végétarien.
En effet, le poulet est naturellement omnivore. Il n’y a qu’à voir ses pattes, qui ressemblent à celles d’un vautour, et son bec, très acéré, pour réaliser que c’est un carnassier.
Toute personne ayant un poulailler chez elle a pu observer que le poulet n’avait rien d’un animal pacifique, sympathique. Les poules adorent se picoter entre elles, s’arracher les plumes, et si l’une est malade ou affaiblie, il n’est pas rare que les autres essayent de la manger… vivante.
Le poulet qui gambade en liberté autour d’une ferme se nourrit naturellement de vers de terre, de limaces, d’escargots, de larves, et également de tout ce qu’il trouve à picorer, ce qu’il fait avec une absence remarquable de discernement.
Bien sûr, il mange des graines, des feuilles, si on lui en donne. Il peut aussi manger des granulés, des cailloux et, à vrai dire, n’importe quoi.
Bref, le vrai poulet n’est pas végétarien, encore moins végétal.
La mode du poulet végétal est une des nombreuses et fâcheuses conséquences de la crise de la vache folle et des farines animales.
Le terme « farine animale » est, en soi, perturbant.
Car, bien sûr, la farine est supposée être faite à partir de graines végétales : farine de blé, de seigle, éventuellement de riz ou de maïs… Pas farine de vache ou de cochon !!
Mais d’ingénieux entrepreneurs, lassés de voir les abattoirs jeter quantités de carcasses d’animaux, avec la peau, les viscères, les tendons, ont eu l’idée de récupérer tout ça. Ils ont mis ces déchets dans d’énormes broyeurs, ont ainsi obtenu une pâte qu’ils ont fait cuire à la vapeur brûlante, puis ont passé la pâte dans un moulin pour en faire de la farine.
La « farine animale » était née.
Elle donna lieu à un lucratif commerce, puisqu’elle fut vendue pour nourrir différents animaux d’élevage, dont des poissons (saumons de pisciculture), des poulets, et même des vaches, dont le système digestif, bizarrement, était capable de digérer cette substance.
Or il se trouve que des vaches atteintes de la maladie de Creutzfeld-Jakob (maladie de la vache folle), porteuses d’un « prion », qui est un tout petit virus, très résistant, ont été ainsi transformées en farine animale.
Le prion étant présent dans la carcasse de la vache morte, et n’étant pas détruit par le processus de fabrication de la farine, il s’est retrouvé disséminé chez les animaux qui avaient mangé de cette farine.
La maladie de la vache folle s’est ainsi changée en épidémie, et on se demande aujourd’hui si les consommateurs ont eux aussi été contaminés par le prion, sachant que la maladie peut mettre des dizaines d’années à incuber.
Bien que ce ne soit pas la farine animale en elle-même qui ait rendu les animaux malades, mais uniquement la farine contaminée, le scandale de la vache folle a permis une prise de conscience des consommateurs sur les pratiques des élevages industriels.
Il est en effet très difficile, quand vous avez acheté votre steak ou votre poulet dans une barquette de polystyrène au supermarché, de deviner quelles furent sa vie, son alimentation, et donc ce que vous risquez réellement en en mangeant.
Grâce à cette affaire, on le sait maintenant.
Mais le mot « farine animale » éveille aujourd’hui tant de craintes, que toute alimentation d’origine animale qui serait donnée dans les élevages provoque de l’inquiétude.
Ce n’est pas justifié pour les poulets.
Un poulet « nourri au grain » n’est pas meilleur pour la santé. Quand il devient carrément jaune de n’avoir mangé que du maïs, c’est qu’il est malade.
Les poulets ne sont pas faits pour être gavés de céréales.
Néanmoins, il se trouve des personnes pour estimer qu’à partir du moment où elles mangent un poulet qui ne s’est nourri que de végétaux (le fameux « poulet végétal », donc), cela reste compatible avec le régime végétarien.
Cette idée folle, qui ne pouvait naître que dans un esprit un peu dérangé et, en tout cas, bien coupé de la vie naturelle dans les campagnes, a pris pied en Amérique du Nord, où s’est désormais développé le régime « pollotarien ».
Le régime « pollotarien » est un nouveau régime alimentaire, basé sur le régime végétarien, mais où le poulet est permis, ainsi que la dinde et le canard.
Ainsi, les « pollotariens » ne mangent pas de bœuf, ni d’agneau, de porc ou de gibier, non plus que de poisson ou de fruits de mer.
Ce régime pourrait aider à lutter contre les maladies cardiovasculaires, le cancer, le diabète de type 2, le surpoids, selon ses promoteurs [1].
Il apporte tous les nutriments, mais il faut malgré tout veiller à l’apport en fer, en vitamine B12 et en oméga-3, qui restent rares dans ce régime. Ces nutriments peuvent facilement être apportés par des compléments alimentaires ciblés.
Le bienfait principal de ce régime concerne l’environnement et le bien-être animal. Il reste toutefois difficile, pour les personnes qui n’ont pas la chance d’avoir leur propre poulailler ou de pouvoir acheter des volailles élevées et nourries respectueusement, d’être certain des conditions d’élevage.
En ce qui me concerne, vous l’avez compris, je n’hésite pas à manger mon poulet fermier, non végétarien, mais à condition seulement de l’avoir personnellement vu courir… et se nourrir.
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
Le plus beau cadeau fait aux autres… et à nous-mêmes Chère lectrice, cher lecteur, Le stress, les angoisses, sont en train ...
Ces malades qui sont indispensables En théorie, ce sont les bien-portants qui s’occupent des malades. En pratique, ce sont ...
“On est trop nombreux de toute façon” Propos atroces entendus tandis que je buvais un café au comptoir : –...
Bonjour, je cherche désespérément de l’huile de canola, ou peut-on en trouver ? Merci pour une info.
L’huile de canola est le nom donné au Canada à ce qu’on appelle en France “huile de colza” , ‘qu’on peut en trouver dans tout magasin d’alimentation !
Re-bonsoir. votre article m’a rappelé une autre charlatanerie dangereuse pour la santé découverte ces jours derniers dans Ouest-France, il me semble. Quelques ingénieurs “ingénieux” ont eu la merveilleuse idée de dépolluer la mer en y semant des naissains de moules. Ces animaux filtreront l’eau et sont sensés nous la rendre propre de toute pollution. Une fois bien engraissés de pétrole et divers métaux lourds, ils serviront de nourriture aux saumons et autres poissons d’élevage, que nous dégusteront à Noël. Ah, l’écologie façon charlatan, quelle belle manne financière !
Hélène
Bonsoir, quelle belle rigolade votre article. On n’arrête pas le progrès dans la bêtise et l’attrape-nigaud(es) ! Je souscris pleinement à votre analyse. Mais je désire aussi apporter quelques corrections tirées des longues années où j’ai élevé mes poules et poulets. Ces volatiles sont en effet omnivores quand on les laisse gambader toute la journée. Donc végétariens (graines…) et carnassiers (vers, limaces…). A ce régime, vous ne verrez jamais vos volailles se picorer entre elles. Le seul acte violent a lieu quand le coq copule avec la poule. En revanche, ces animaux se picorent entre eux dans les élevages industriels.… Lire la suite »
Bonjour, je ne connaissais pas cette tendance qui effectivement est une aberration, sur tous les plans. Et une belle hypocrisie… Car enfin, on assume son mode de pensée – et donc, d’alimentation ! Déléguer aux (malheureux) poules, canards et autres dindes le soin de ne pas manger d’animaux qu’on n’arrive pas à assumer personnellement, ça frôle quand même au mieux la schizophrénie, au pire le cynisme (ou l’inverse). Je suis personnellement végane depuis plus d’un an maintenant, après avoir été en transition du végétarisme, phase ayant elle-même été précédée d’un assez long passage où je mangeais encore du poisson. Ayant… Lire la suite »
L’épidémie de vaches folles n’a rien à voir avec l’élevage dit industriel. Elle résulte des erreurs commises par les services vétérinaires britanniques à partir de 1979, c’est à dire l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher et son libéralisme débridé. La maladie s’est répandue par la voie des granulés pour petits veaux qui contenaient un peu de farines pathogènes parce que insuffisamment cuites. La commission européenne en poste en 1989 et le gouvernement anglais portent seuls la responsabilité du passage de la maladie sur le continent. Les éleveurs furent 100% victimes et 0% coupables.
” Science sans conscience n’est que ruine de l’âme” a écrit un de nos illustres ancêtres. 1) la technologie actuelle qui rend beaucoup de choses possibles, qui hier ne l’étaient pas, se réfère à la science (spécialité à ma connaissance 100% humaine!) dont les promesses sont pour ainsi dire illimitées. C’est ainsi qu’on a pu rendre carnivores, à leur insu, des êtres strictement herbivores. Que diriez-vous si l’on vous amenait, par des artifices technologiques, à manger du cadavre humain sans que vous n’en ayez eu connaissance et conscience? 2) Votre propos me rappelle le scandaleux “responsable mais pas coupable” d’une… Lire la suite »
Bonjour. Un poulet n est pas jaune à cause du mais .Il y a plusieurs races et certaines sont plus jaune que d autres, c’est tout.Continuez.Beatrice Bec