Il ne faut pas confondre malheur et dépression nerveuse

05/07/2018
Il ne faut pas confondre malheur et dépression nerveuse
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Les 7 questions que je pose à une personne dépressive

Chère lectrice, cher lecteur,

Lorsqu’une personne me dit qu’elle se sent dépressive, je commence toujours par lui demander :

  • Avez-vous une bonne relation d’intimité avec une personne que vous aimez et qui vous aime ?
  • Avez-vous des amis qui vous soutiennent et que vous voyez régulièrement ?
  • Avez-vous un travail qui vous plaît et qui a du sens pour vous ?
  • Avez-vous un diplôme qui correspond à vos capacités et à vos aptitudes intellectuelles ?
  • Êtes-vous en accord avec vous-même dans vos activités en dehors du travail ? (En d’autres termes, évitez-vous de faire pendant votre temps libre des choses qui vous font honte ou qui vous perturbent ?)
  • Évitez-vous de boire de l’alcool de façon excessive et de prendre de la drogue ?
  • Et enfin, surtout, y a-t-il longtemps que vous n’avez plus eu de gros malheur ?

Si la personne me répond oui à toutes ces questions et qu’elle se sent malgré tout dépressive, alors je considère qu’elle a, en effet, une maladie.

La maladie dépressive

Personne ne peut dire que « tout va bien » dans sa vie. Toutes les vies sont tragiques à leur façon.

Mais il y a malgré tout des personnes dont la vie est aussi agréable que possible et qui répondront oui à toutes ces questions.

Si elles se sentent malgré tout dépressives, je leur recommande vivement d’aller voir un médecin qui leur prescrira une thérapie cognitive ou comportementale (TCC), ou des antidépresseurs.

Je déteste les antidépresseurs, et je ne crois pas beaucoup à la TCC. Mais mieux vaut cela que de rester sans rien faire avec la furieuse envie de se suicider. Car, une fois que la personne est passée sous un train ou s’est jetée d’un pont, il est trop tard pour faire quoi que ce soit (et, bien entendu, les personnes dépressives ont un risque démultiplié de se suicider).

Et même sans aller jusque-là, la dépression est une catastrophe : elle fait peser un poids énorme sur l’entourage, et elle a de graves conséquences physiologiques sur la personne qui arrête de se nourrir, de se lever, de vivre normalement.

La maladie dépressive peut alors être considérée comme une maladie comme le diabète, la grippe ou l’eczéma. La médecine la soigne mal, très mal même, mais c’est mieux que rien, comme pour tant d’autres maladies. En un mois d’antidépresseurs, vous saurez si cela marche pour vous. Sinon, il faut arrêter le traitement progressivement.

Dans 90 % des cas, la personne a des raisons objectives d’être malheureuse

Toutefois, la vérité est qu’il est très rare qu’on me réponde oui à ces sept questions.

En général, les gens ont au moins un ou deux de ces sept points qui ne vont pas dans leur vie, ce qui reste supportable.

Mais attention : le tableau change si vous avez trois points ou plus qui vous manquent. Vous êtes alors en zone dangereuse.

Il est probable que vous ressentiez une angoisse ou l’impression d’être malheureux, voire très malheureux. Mais ce n’est pas la « maladie dépressive ». C’est la vie qui est difficile avec vous.

Que faire si c’est la vie qui est difficile avec vous

Il faut regarder en face le fait que nous avons des besoins essentiels en tant qu’êtres humains.

Il est normal de se sentir malheureux quand on manque d’amour, quand on ne se sent pas valorisé, quand on souffre au travail, quand des malheurs s’abattent sur notre tête, ou quand nous faisons des choses dont nous ne nous sentons pas fiers.

On se trompe si on essaye alors d’apporter une solution médicale au problème. Et c’est certainement la raison pour laquelle des études scientifiques montrent que, sur le long terme, la plupart des traitements médicaux contre la dépression échouent, TCC ou antidépresseurs [1].

Si, donc, vous répondez non à trois questions ou plus dans la liste, il est important de faire la liste des choses qui ne vont pas dans votre vie et de travailler à les améliorer.

Apprendre à « négocier avec soi-même »

L’important alors est d’être réaliste, car la vie est compliquée et on atteint facilement le point où tout paraît tellement embrouillé qu’on ne sait pas par où commencer.

Le « truc » pour vous en sortir, c’est d’apprendre à négocier avec vous-même.

Vous négociez sur la chose minimale à faire, qui vous permettra de considérer que vous avez progressé. Par exemple :

  • « Quel est le strict minimum que je puisse faire pour avoir une chance de rencontrer quelqu’un avec qui je pourrais partager ma vie agréablement ? »
  • « Quel est le strict minimum que je puisse faire pour me former et obtenir un métier correspondant plus à mes capacités et à mes aspirations ? »
  • « Quel est le strict minimum que je puisse faire pour me détourner de cette mauvaise habitude qui ruine mon existence ? »
  • « Quel est le strict minimum que je puisse faire pour manger et dormir plus régulièrement ? » (Mal manger et mal dormir sont des causes majeures et très répandues d’instabilité de l’humeur.)

Puis essayez d’avancer à petits pas sur ce point précis, dont vous avez clairement « négocié avec vous-même » qu’il était possible et réaliste.

Ne pas ouvrir grand la porte aux « serpents »

N’ouvrez pas grand la porte à toutes les choses négatives de votre vie.

Cela risquerait de vous donner l’impression d’être submergé.

Imaginez que vous êtes entouré de boîtes remplies de serpents. Si vous les ouvrez toutes à la fois, tous les serpents vous sortir d’un coup, vous piquer, et vous n’arriverez pas à les rattraper.

Ouvrez une boîte à la fois, très précautionneusement. Laissez sortir un petit serpent et écrasez-lui la tête. (C’est une image, bien sûr ; dans la nature, il faut laisser les serpents vivre tranquilles !)

Écraser un petit serpent vous donnera un premier sentiment de satisfaction, qui vous donnera l’énergie d’en faire sortir un deuxième de la boîte, puis un troisième…

Progressivement, vous allez vous aguerrir. Vous tuerez des serpents de plus en plus gros, de plus en plus vite.

Le bonheur est dans l’action

Et il y a de bonnes chances que déjà, dans ce processus, votre sentiment de malheur commence à s’envoler.

Car il faut se souvenir que ce qui fait notre joie n’est pas d’atteindre un objectif, mais de faire des pas qui nous rapprochent de notre objectif.

Ainsi, souvent vous constatez qu’une personne qui a travaillé des années pour obtenir un diplôme, se sent toute « bizarre » une fois passé l’examen. Je viens d’en faire encore l’expérience avec ma fille et son bac français.

Ce qui est bon dans la vie, c’est de se mettre en route. Faire un pas, puis un autre, dans la bonne direction.

Commencez par faire le bilan, et partagez avec moi si vous le souhaitez les points sur lesquels vous ressentez le besoin de progresser. Je serais ravi de pouvoir vous aider et vous soutenir dans votre cheminement.

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis

 

Sources de cette lettre :
[1] Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry, 2018, 57: 471.

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alessandro pendesini
alessandro pendesini
5 années plus tôt

Ce qui me fais bondir, c’est que Jean-Marc Dupuis, ne se dédaigne même pas de répondre aux critiques que je lui adresse……..Ce qui, vous en conviendrez n’est pas très sérieux de sa part !

STROH Geneviève
STROH Geneviève
5 années plus tôt

Je trouve votre article fort intéressant, très bonne synthèse qui permet de se situer rapidement et de déclencher le processus permettant de trouver
une solution

Bosquet
Bosquet
5 années plus tôt

Pour un. journaliste de la santé je vous trouve bien arrogant à vous prendre pour un psy !!
Par ailleurs il est faux de prétendre ” partager” quoique ce soit avec vous puisque vous ne répondez à AUCUN message . TB

SAMUEL Raymond
SAMUEL Raymond
5 années plus tôt

Bonjour, La vérité sort du puis, évidemment… Mais la vérité peut encore de conforter, selon mes observation et mes lectures de spécialistes : – Pourquoi ne parlez-vous pas, comme cause sans doute principale, de nos modes éducatifs qui affaiblissent les individus ? Parce que, cela semble bien établit “scientifiquement”, que les tress, la souffrance psychique, le sentiment d’abandon, la séparation trop précoce (à trois mois !) d’avec le milieu familial (les parents), puis l’école à trois ans, et pire encore, à deux ans etc., etc. ont pour résultat des cerveaux ma-lformés et donc en mauvais état de fonctionnement (comme c’est… Lire la suite »

Hélène Duquette
Hélène Duquette
5 années plus tôt

M. Dupuis, Mille mercis pour cet article, très inspirant. Je me suis reconnue quand je passe une période difficile de ma vie: deuil dun conjoint ou apprendre que ton conjoint fait de la dégénérescence maculaire sèche aux deux yeux alors que tu en prends soin de ton mieux, avec toutes les responsabilités que cela exige.. Je fais confiance à la vie et je demande de laide aux organismes qui peuvent nous aider, comme le regroupement des aidants et aidantes naturels de Montréal et Appui Montréal. Grâce à eux, nous avons des ressources qui peuvent nous guider et nous diriger vers… Lire la suite »

naturain
naturain
5 années plus tôt

Bonjour, Comme je me suis retrouvée dans ces questions! boulot pesant, pas d’affectif , solitude …..c’est tolérable jusqu’a un certain point et comment fait on pour supporter tout ça . Je n’ai jamais pris de traitement mais mon moral n’est pas toujours au beau fixe et le découragement souvent présent. Et justement le passage à l’action est difficile car je ne sais dans quel sens aller ….. Alors on avance parce qu’il le faut bien mais c’est pesant et pas motivant… je vais donc essayer de me mettre en route pour trouver la bonne direction mais quelques conseils me seraient… Lire la suite »

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