« M. Dupuis, après votre article sur le sourire de notre Président, votre prochain article pourrait-il parler des bénéfices de la colère ?
Celle qui doit sortir. Celle qui ne doit pas être refoulée !!
Il y a pas mal de gens exaspérés, dont moi, même si je suis pas gilet jaune et n’ai pas de voiture. »
Les « bénéfices de la colère »…
Bien sûr. Merci, chère Claire, de cette bonne idée.
Je n’avais jamais parlé de ce sujet pourtant essentiel. La colère est une émotion importante.
Elle n’est pas toujours mauvaise, au contraire.
– « Arrête de faire des colères », nous disaient nos parents.
Ils avaient raison, car les petits doivent apprendre à se maîtriser, à ne pas croire que se rouler par terre en hurlant est la bonne façon d’obtenir ce qu’ils veulent.
Mais, parfois, la colère est utile.
Une « sainte colère », disait-on autrefois, de la part d’une personne qui s’emportait devant l’excès d’injustice, d’égoïsme, de méchanceté.
C’est le fait de contenir sa colère trop longtemps qui est dangereux. Dangereux pour nous, parce que nous accumulons une rancœur qui resurgira, souvent au pire moment. Dangereux pour les autres, car la colère peut mettre fin à certaines injustices insupportables.
La colère est l’émotion qui supprime la peur, ce qui est parfois nécessaire.
La colère permet au petit d’attaquer le grand qui a abusé de lui. Normalement, il devrait avoir peur. Mais non, l’outrage est trop grand : il attaque ! Et il gagne !
Car la colère décuple la force. Elle provoque des décharges d’adrénaline qui augmentent notre force physique, notre endurance, et qui anesthésient nos douleurs.
Dans l’état de rage, qui est l’état le plus extrême de la colère, les sens deviennent plus développés. La sensation de douleur est provisoirement anesthésiée. Vous pouvez vous blesser, vous brûler, sans rien ressentir sur le coup.
Ce qui vous permet des exploits surhumains.
Dans les sports de combat (boxe, free fight), beaucoup de combattants insultent leur opposant avant de monter sur le ring. Le but est de déclencher des insultes en retour, leur permettant de se mettre en colère. Leur puissance augmenterait alors de 60 % grâce à la colère et au stress [1].
Le problème est que la colère ne s’exerce pas toujours contre sa cause véritable.
Ainsi, un père de famille qui se fait constamment humilier au travail peut concevoir une frustration qu’il évacuera en se mettant en colère à la moindre occasion contre sa femme ou ses enfants.
Une femme qui aura beaucoup souffert dans son enfance pourra devenir excessivement susceptible et se mettre en colère à la moindre remarque négative à l’âge adulte.
« L’inconscient », disait Freud, « ne connaît pas le temps, et nos souffrances anciennes non réglées restent toujours actives. »
Pour éviter que nos souffrances anciennes provoquent en nous des colères incontrôlées, il est nécessaire d’aller chercher au fond de nous-mêmes les problèmes qui sommeillent depuis des années. Mettre le doigt là où ça fait mal. Prendre conscience de ce que nous retenons enfoui, oser le contempler, en parler, pour réduire notre souffrance.
La colère peut aussi servir de prétexte, de paravent, à des motivations sombres.
J’ai des amis, fidèles lecteurs par ailleurs, qui depuis des années accumulaient des petits trésors dans un stand ambulant de brocante-antiquités à Paris : bibelots, verres en cristal ancien, couverts en vermeil, jolis vitraux anciens, petits meubles en marqueterie.
Le jour de la manifestation des gilets jaunes, ils avaient mis leur stand comme d’habitude, avec une quinzaine de collègues, sur le trottoir de l’avenue de la Grande-Armée, de l’autre côté de l’Arc de triomphe.
Ils pensaient que les manifestants resteraient sur les Champs-Élysées. Qu’ils seraient pacifiques. Qu’ils étaient énervés contre le gouvernement, pas contre les honnêtes travailleurs comme eux, qui se lèvent tous les jours à 5 heures du matin.
Soudain, des hordes de jeunes se sont abattues sur eux. Ce n’étaient pas des gilets jaunes. Ils ont tout renversé, brisé, brûlé. Ils n’étaient pas là pour protester, ni même pour voler, mais pour détruire.
Ils ne faisaient pas la différence entre une voiture, un abribus, un scooter ou un vitrail médiéval irremplaçable.
Au nom de leur colère, ou pour ne pas les mettre encore plus en colère, la police les a laissés faire.
Ils ont même escaladé un immeuble pour pénétrer dans un appartement au premier étage, qu’ils ont ravagé, jetant les meubles par les fenêtres.
Il aurait fallu que quelqu’un, dans les forces de l’ordre, se mette en colère pour les arrêter.
Personne ne l’a fait. On n’en a pas parlé à la télévision. Mes amis ont tout perdu.
Bien que nous soyons surtout sensibles au problème de l’excès de colère, il arrive en fait plus souvent que nous soyons, au contraire, trop aimables.
Les psychologues appellent cela l’excès d’amabilité ou d’agréabilité.
L’agréabilité est le désir de coopération et d’harmonie sociale. C’est le trait de caractère qui nous pousse à être amicaux, pleins d’égards, généreux, prêts à transiger pour concilier nos intérêts avec ceux des autres.
Tout cela paraît positif.
Le problème est que, à force de s’adapter à ce qui convient aux autres, les personnes trop aimables finissent par ne plus avoir aucune volonté propre. Tout ce qu’elles font n’a pour but que d’arranger les autres. Elles réalisent bientôt qu’elles se font marcher sur les pieds, qu’on abuse d’elles. Elles accumulent une rancœur qui les rend malheureuses.
La solution est d’apprendre à s’affirmer. Faire preuve d’assertivité, disent les psychologues. Cela veut dire : apprendre à négocier en faveur d’elles-mêmes, et pas uniquement en faveur des autres.
Mais pour être en position de force dans la négociation, il faut oser être, ou paraître, un petit peu dangereux. Que les autres aient peur de votre réaction. Autrement dit, leur montrer que vous n’hésiterez pas à vous mettre en colère s’ils abusent.
Voici quelques outils efficaces pour bien exprimer votre colère, quand elle est légitime.
Je suppose que tous ces avis sont légitimes. L’important pour chacun est de bien juger de ce qu’il est prêt à subir, sans se consumer en amertume, et oser agir pour mettre fin à une situation qui lui est insupportable.
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
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J’ai beaucoup réfléchi à la colère et je veux approfondir votre réflexion par ceci : au bout du bout des raisons de votre colère, vous vous retrouvez face à vous-même, et vous découvrez que c’est après vous que vous êtes en colère. Il est très difficile de l’admettre, il est tellement plus aisé d’être en colère contre quelque chose ou quelqu’un, douloureux d’être honnête face à soi… MARIE CLAIRE
Comme Hélène, je dirais “profiter des sujets de santé pour faire de la politique est contraire à votre déontologie” Un certain Bertrand Goteval, à une époque, en relation avec les lobbys, est devenu lanceur d’alerte vis-à-vis de notre Président … ce n’était pas de sourire dont il s’agissait mais de finance … tjrs pa biais de votre journal dont je suis abonnée. De mon côté, je tire mon chapeau à un Président qui a 40 ans est en responsabilités ds la destinée d’un pays qui va mal (maladie de masse de la société, à l’image de la maladie de masse… Lire la suite »
Merci pour votre article 😉 Désolée pour vos amis, effectivement on en a pas parlé à la télé, et l’appartement saccagé non plus…
Effectivement la police n’a peut être pas dirigé sa colère contre les bonnes personnes… Vu le nombre d’arrestations toutefois…
Bonjour, la partie de votre lettre qui parle des soit disant gilets jaunes, ah non des jeunes ,mais qui l’aura retenu!, qui cassent tout et grimpent dans un appart ne vous interpelle pas ?la police n’aurait pas voulu les énerver plus!!!!!!! c’est surréaliste , vous n’avez pas vue les coups de matraques les jets d’eau en pleine face , les lacrymogènes , là ils savent se bouger!!!!!! quand il s’agit de monter les gens les un contre les autres ils savent y faire ,ils ne sont pas là pour protéger les citoyens normalement, ces dingues!! et combien de gens marche… Lire la suite »
Je viens de lire les commentaires. C’est édifiant ! Certains vous accusent de faire de la politique, simplement parce que vous avez souligné que le sourire hypocrite d’un dirigeant politique pouvait être ressenti comme une agression et faire souffrir… Il y aura toujours des marionnettes qui refusent de voir la réalité : elles sont manipulées par un marionnettiste et c’est peut-être trop humiliant pour leur fierté, il ne faut pas les chatouiller là où ça blesse ! D’autres ne comprennent pas pourquoi des compatriotes trouvent violents des décisions et des comportements politiques. Peut-être ne sont-elles pas encore concernées, protégées par… Lire la suite »
J’approuve totalement votre réponse, vous avez exprimé exactement ce que je ressens, merci !
Sur l’instant, j’essaie de me souvenir de cet aphorisme : “Oublie ta colère, et dans une semaine tu en auras oublié la cause”