Reviens, Carl Jung, ils sont devenus fous !

Le Pr Raoult n’est pas un imposteur, ni un dieu

Lancez au milieu d’un groupe d’amis le mot “vaccin”, “homéopathie”, “végan”, “lait”, “complément alimentaire”, “gluten”, “Macron” ou “Professeur Joyeux” ou “Professeur Raoult”, et hop, c’est parti :

C’est le pugilat garanti.

Soit on est “fan”, soit on est “contre”.

Dans les deux cas, il n’y a aucune nuance, et tous les opposants sont “à la solde de Big Pharma”, “manipulés”, “complotistes”, “extrémistes”, etc.

Cet esprit partisan empoisonne notre société. Il n’y a plus un repas de famille, un pot avec des collègues, une partie de cartes dans les maisons de retraite, une sortie d’école, qui ne soient menacés de dégénérer en bagarre.

Ce n’est pourtant pas compliqué d’éviter cette intolérance.

Depuis l’origine de l’humanité, toutes les Sagesses ont reconnu que les choses, et en particulier les Hommes, ont toujours deux aspects : la face lumineuse et la face obscure, les bons aspects et les mauvais, le Bien et le Mal.

La dualité

J’ai sur mon bureau un très gros livre allemand intitulé “Die Grosse Mutter” (“La Grande Mère”), par Erich Neumann, l’héritier spirituel du psychologue Carl Jung.

Ce livre n’a jamais été traduit en français. C’est bien dommage.

Il présente des recherches extrêmement profondes sur l’origine de notre inconscient, remontant à l’époque où nous vivions dans des grottes, voire dans des arbres.

Il explique comment notre esprit et nos comportements se sont développés, depuis la nuit des temps, dans la dualité. Dualité entre :

• la vie et la mort
• la mère et l’enfant
• le jour et la nuit
• le ciel et la terre
• l’eau et le feu
• la guerre et la paix
• l’amour et la haine
• le masculin et le féminin
• l’ordre et le chaos
• l’être et le néant
• le bruit et le silence
• Etc.

Toute personne humaine est composée de toutes ces dimensions, qui agissent simultanément, rivalisent, s’opposent. C’est cela qui fait le vie, d’où le symbole du Tao (yin-yang).

Le Professeur Raoult n’est ni dieu ni diable : il est un homme

On cherche à savoir, aujourd’hui, si le Pr Raoult est un dieu ou un diable, un héros ou un escroc.

La réponse est pourtant évidente : ni l’un ni l’autre !

Le Pr Raoult est un homme avec ses forces et ses faiblesses.

→ Il a eu raison sur beaucoup de choses : une courbe épidémique en cloche sans gravité particulière, qui allait naturellement se réduire au mois de mai ;

→ il a eu tort sur d’autres : par exemple quand il a dit qu’il n’y aurait pas plus de morts que les accidents de trottinettes.

→ et enfin, sur la plupart des autres sujets, on ne sait toujours pas : la chloroquine, la seconde vague, etc. Il y a débat, et il va falloir attendre, même si on est convaincu de savoir, aujourd’hui.

Sur ses vidéos, il est très sympathique, pédagogue et paraît ultra-compétent. Sur sa vision du monde, je me sens de plus très proche de lui, en particulier quand il demande aux journalistes d’arrêter de donner leur avis sur tout, d’être arrogants, de tout transformer en question politique. Je le trouve aussi lucide et courageux quand il rappelle que la France est en train de couler sur tous les plans, y compris dans la recherche scientifique, et qu’il serait tout de même temps qu’on se réveille.

Mais parfois, comme tout le monde, il se laisse emporter. Il se vante un peu trop. Il peine à reconnaître la moindre erreur, alors que, au fond, personne ne lui en voudrait d’avoir parfois été un peu trop affirmatif. Après tout, il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent jamais, et que ceux qui se taisent qui ne disent jamais de bêtises…

Tout pourrait donc être simple, dans l’affaire Raoult mais ce n’est pas ainsi que nos concitoyens voient les choses.

Ils veulent qu’il ait raison sur tout. Ou tort sur tout.

Des gens l’attaquent en mettant en cause ses erreurs, ses excès, les chiffres et études contestables qu’il a publiés, les personnes qu’il a fréquentées.

Mais quel infantilisme ! Quelle immaturité !!

Quelle cruauté, aussi, car à ce compte là, qui a encore le droit de prendre la parole en public sans se faire massacrer ?

Il faudrait n’avoir jamais fait la moindre erreur de toute sa carrière, jamais publié une étude, un chiffre contestable, jamais fréquenté de personne à mauvaise réputation, n’avoir jamais tenu de propos excessifs ?

Eh bien, dans ce cas, bonjour les dégâts. On peut s’apprêter à éliminer… tous les chercheurs – et tous les citoyens.

Qui les remplacera ?

A votre santé !

Jean-Marc Dupuis