Cela fait tout drôle, mais vous pouvez aujourd’hui lire dans les grands médias ce que je vous ai écrit, sous le sceau du secret, sur les dangers du dépistage du cancer du sein [1].
La vérité éclate au grand jour !!
Une étude canadienne de grande ampleur vient de tomber. Publiée dans le British Medical Journal, elle confirme point par point mes très fermes mises en garde [2] :
Par conséquent, le dépistage systématique du cancer du sein par mammographie doit être formellement déconseillé.
Les résultats de cette étude sont très sûrs. Elle a été réalisée sur près de 90 000 femmes âgées de 40 à 59 ans, suivies pendant 25 ans. Elle a montré que les femmes qui avaient subi des mammographies annuelles pendant 5 ans avaient tout autant de risques de mourir d’un cancer du sein que celles ayant seulement bénéficié d’une simple auscultation.
Par contre, elle confirme que le dépistage entraîne de nombreuses erreurs de diagnostic, en particulier des micro-tumeurs qui sont détectées et qui déclenchent tout un protocole de traitement alors qu’elles n’auraient jamais évolué en cancer du sein, ou auraient spontanément disparu.
De plus, et ce n’est pas dit dans l’étude, les médicaments de chimiothérapie sont eux-mêmes cancérigènes ; après un traitement, on a deux fois plus de risques de cancer qu’auparavant [3] !
Ces résultats sont catastrophiques pour les autorités de santé et les gouvernements qui, depuis des décennies, investissent des milliards dans les campagnes de dépistage du cancer du sein. Ils vont également provoquer, inévitablement, un tollé dans le lobby du cancer (les très nombreuses entreprises, institutions et professions qui vivent du cancer), qui ne manquera pas d’essayer de discréditer cette étude.
Les auteurs de l’étude ont, sans doute inconsciemment, ressenti ce risque, à savoir que les foudres des mandarins du cancer ne s’abattent sur eux.
Au lieu de conclure leur étude par la radicale mise en garde qui s’impose, ils semblent s’excuser de demander pardon d’avoir prouvé l’inefficacité et la dangerosité du dépistage du cancer du sein. Et ils concluent par une formule tellement alambiquée qu’elle en devient comique :
« Dans les pays techniquement avancés, nos résultats soutiennent le point de vue de certains commentateurs selon lequel le raisonnement conduisant au dépistage par mammographie devrait être rapidement réévalué par les décideurs. »
En clair : « Sauve qui peut ! Un énorme scandale va bientôt nous péter à la figure ! Des milliers de femmes victimes de surdiagnostic, inutilement amputées d’un sein et détruites par des chimios, vont bientôt réaliser ce qui leur est arrivé et attaquer les responsables ! »
Ils reconnaissent toutefois la froide réalité : « Les femmes aimeraient pouvoir croire que leur trouver un cancer au stade précoce a ses avantages », a dit le principal auteur de l’étude, le Dr Anthony Miller. « C’est une chose que leurs médecins leur disent, et que les radiologues qui leur font passer les radios leur disent. Mais en fait, nous avons trouvé la preuve que ça ne marche pas. »
Les mammographies ont fait l’objet d’une publicité totalement exagérée, selon Anthony Miller :
« Plus il y a de cancers découverts grâce au dépistage par mammographie, plus il y a de personnes qui imaginent, de façon erronée, que le dépistage leur a sauvé la vie, plus le nombre de personnes qui ont l’impression d’avoir “survécu” au cancer augmente, et se font à leur tour les avocats du dépistage » explique-t-il.
Cela a abouti, selon lui, au « paradoxe de la popularité » : bien que le dépistage systématique par mammographie ne serve à rien, et provoque plus de femmes amputées du sein et soumises à des chimios que nécessaire, le traitement est de plus en plus populaire.
Cet attachement au dépistage est illustré dans la presse française par la façon dont le magazine Le Point traite la nouvelle de l’étude canadienne.
Alors que le magazine L’Express fait son travail d’information et publie un article clair intitulé « Cancer du sein : une nouvelle étude remet en cause le dépistage organisé », le magazine Le Point fait tout pour noyer le poisson.
Il choisit de présenter la nouvelle dans un article fourre-tout sous un titre qui risque fort, à mon avis, d’induire en erreur nombre de lecteurs peu attentifs : « Cancer du sein : de l’utilité du dépistage systématique et de l’ablation préventive » [4].
La journaliste, que je ne citerai pas (le but de Santé Nature Innovation n’étant pas de traîner les gens dans la boue mais de contribuer à une meilleure information sur la santé), commence par prendre position en faveur d’une méthode particulièrement violente à mon avis, l’ablation préventive des seins, pour éviter le cancer du sein, chez les femmes porteuses des gènes prédisposant au cancer du sein BRCA1 et BRCA2 (BR pour breast, ou sein en anglais, CA pour cancer).
Ensuite, elle passe à l’étude canadienne, sous l’intertitre : « Nombre de décès similaire avec ou sans dépistage précoce ».
Dès la première phrase, la journaliste prend ses distances avec l’étude : « La seconde étude provient de la Canadian National Breast Cancer Screening Study et elle risque d’alimenter la polémique sur le bien-fondé du dépistage systématique de ce cancer. »
Elle indique que le dépistage du cancer du sein a entraîné 22 % de surdiagnostics. Mais elle omet d’expliquer le fond du problème, à savoir que les surdiagnostics poussent les femmes dans des protocoles de traitements inutiles et potentiellement invalidants.
Mais quelles que soient les réticences de la presse à dire la vérité, le fait est que la révolution est en marche et que rien ne pourra plus l’arrêter. Une nouvelle illusion médicale, créée de toutes pièces par de prétendues avancées techniques, est en train de s’effondrer sous nos yeux. Et c’est maintenant officiel.
C’est toujours cela de gagné pour la santé des femmes.
A votre santé,
Jean-Marc Dupuis
Sources de cet article :
Jus de fruits, sodas : des cochonneries qui rendent gros mais aussi… cancéreux Une étude sur les jus de fruits et les sodas a été ...
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De mon côté, je suis atteinte du gène déficient BRCA2 et en effet je suis sensée retirer mes ovaires à 35 ans au plutard ainsi que ma poitrine à 45 ans… Les années passent vite et je m’interroge toujours sur la bonne décision à prendre.
Donc si nous avons une anomalie, bosse, écoulement, rougeur ou autre….que fait-on ?
Merci!
Dans ces cas-là, il n’y a pas à hésiter : consulter et subir la mammographie, si c’est le choix du médecin. Les limites dont il est question dans l’article se rapportent à celles du dépistage systématique, c’est-à-dire celui qui est pratiqué sans indication particulière.
Bonjour Je viens par chance de découvrir ce site. Je dis par chance, car j’ai en ce moment même un véritable cas de conscience. J’ai subi comme beaucoup de femmes de 50 ans une mammographie en 2013 qui révélait des microcalcifications de type ACR 3 au sein gauche et on me proposait juste la réalisation d’une mammo de contrôle 6 mois après. J’ai loupé les 6 mois, et j’ai réalisé la mammo de contrôle le 19 décembre 2014. Et là , vlan ça vous tombe dessus : sein gauche, rien n’a évolué, par contre sein droit présentent des microcalcifications poussiéreuses… Lire la suite »
Bonjour
Pouvez-vous me dire si vous vous êtes fait opéré car j’ai eu le même problème.
Merci.
Bonjour Patricia,
Avez vous décidé de subir l’opération finalement? Je suis journaliste et intéressée par le sujet.
vous pouvez me contacter par mail. colinetison @ gmail.com
j ai fait un mamo de dépistage en decembre 2013 suite a une calcification suspect macrobiospie ..résultat in situ haut grade .le radiologue a laisser un point pour trouver endroit a opérer . jour de l opération pose d un harpon pour trouver l endroit exact .la radiologue ne trouve rien quand elle place le harpon ..opérée je suis confiante . résultat négatif donc chercher plus loin remède ablation total du sein …je change hôpital même constat ablation total . avant opération un IRM negatif ..j ai des doutes sur utilité opération apres operation rien trouver a l analyse .comment… Lire la suite »
Braggaar, votre histoire me fait peur. À quel hôpital êtes-vous suivi ? Lisez un peu sur le sujet des calcifications suspects. C’est un stade de pré-cliniquaire (avant même d’être un «vrai» cancer). Je suis surprise que votre médecin n’a pas proposé un suivi sur quelques mois – sur la progression de votre calcification suspect. Est-ce que vous êtes inquiète? Lisez sur l’internet… voici un exemple http://www.ardepass.org/professionnels-de-sante/classification-acr-et-conduite-a-tenir.html Moi j’ai une masse très présente dans mon sein gauche – diagnostic carcinome canalaire in situ grade 3. Suis-je inquiète? Oui et non – reste je refuse d’être la «victime» et rien comprendre à… Lire la suite »
N’étant pas concerné perso et dans ma famille avec le cancer du sein, je suis étonné de voir les polémiques à ce sujet, car en gros, pour le citoyen lambda il n’en ressort que deux choses sur internet : une réponse de Normands 50 contre et 50% pour. Ce qui ne répond pas du tout aux inquiétudes des femmes apparemment. Et suivant vos recherches sur les moteurs (ex : danger du dépistage et/ ou bienfait du dépistage) vous tomberez sur des avis différents. —- Mon point de vue est le suivant : le premier cas est simple : vous avez… Lire la suite »
Bonjour!
Je suis journaliste et en train de réaliser un documentaire sur le dépistage organisé du cancer du sein, votre expérience m’interpelle. Pourrions nous en discuter ?
mon mail : colinetison @ gmail.com
Merci infiniment,
Coline
Note pour le journaliste : vous posez la question à qui??
Merci pour cette confirmation.
Je n’ai jamais voulu de ce genre de torture.
Comment peut-on faire croire et croire que se faire aplatir les seins entre deux plaques, puisse être la meilleure façon d’éviter des complications ?
J’ai de la compassion pour toutes les femmes qui tombent des nues.
Bien à vous.
La critique d’une étude doit rester objective: vous jetez un pavé dans la mare et angoissez des femmes qui faisaient tyranquillement leur Mammo de dépistage à partir de 50 ans en France (et non pas 40 comme dans l’étude canadienne) Les recommandations françaises sont effectivement contre le dépistage systématique avant cet âge en raison des nombreux remaniements de la glande liés aux perturbations de la ménopause. Ce qui signifie qu’il y a une prise de conscience du problème que vous soulevez, et il faut espérer que l’étude se poursuit dans des conditions honnêtes et le plus indépendantes possibles de tout… Lire la suite »